LAUNAY (Bernard René Jourdan de)

Lettre au baron de Besenval. Paris, à la Bastille, 6 juillet 1789. Billet autographe signé JL: 1 p. petit in-12 oblong. Exceptionnelle lettre prémonitoire écrite huit jours avant la prise de la Bastille. Gouverneur de la prison de la Bastille, comme son père avant lui, Bernard-René Jordan de Launay (1740-1789) informe Besenval, commandant militaire de l'Ile-de-France et de la garnison de Paris, de la bonne réception de sa lettre et de la visite d'inspection de son envoyé, Berthier (le futur maréchal de France). Il a fait voir à ce dernier l'état de la place afin que celui-là en rende compte. Surtout, Launay s'inquiète d'un projet d'attaque contre la Bastille dont il a eu vent, contre lequel il explique avoir pris des "précautions". J'ai recu la lettre que vous m'avés fait l' honneur de m'ecrire et que M. Berthier m'a remis. En consequence je lui ai fait voir la place dans le plus grand détail, il est actuellement en etat de vous en rendre le compte que vous désirés. J'ai cru Monsieur le Baron devoir vous faire part mercredy dernier de l'avertissement que j'avois eu la veille et des précautions que j'avois deja pris en cas que l'attaque, qui m'etoit annoncée eut eu son effet. Je suis avec respect, Monsieur le baron JL La responsabilité du baron de Besenval: un tournant de l'histoire de France. La question se pose de l'exacte responsabilité dans la révolution parisienne du baron de Besenval (1721-1791). Le colonel des gardes suisses s'était borné à n'envoyer le 7 juillet que 32 soldats pour assurer la sauvegarde de la Bastille. Ne recevant aucune instruction de Versailles, le 12 juillet, lorsque les troubles s'aggravèrent, il massa ses troupes place Louis XV, avant de les retirer de la capitale pour éviter le bain de sang - en dépit des menaces et de l'avertissement du marquis de Launay. Il confessera dans ses Mémoires avoir "livré Paris à lui-même". Deux jours plus tard, le 14 juillet 1789, la Bastille fut prise et Launay massacré par les assaillants sur la place de