ARGENSON (René-Louis de Voyer de Paulmy, Marquis d')

Considérations sur le gouvernement ancien et présent de la France. Amsterdam, Marc Michel Rey, 1764. In-8 de XVI, 328 pp.: basane marbrée, dos à nerfs orné, pièce de titre de maroquin rouge, coupes filetées or, tranches rouges (reliure de l' époque). Édition originale de ce texte précurseur, cité avec éloge par Rousseau dans le Contrat social. Bien que sévèrement proscrit en France, l'ouvrage a connu trois éditions en quelques mois. Ministre des Affaires étrangères sous Louis XV, proche des philosophes et ami de Voltaire, le marquis d'Argenson (1694-1757) fut un pionnier de la physiocratie et prédit la Révolution avec un demi-siècle d'avance. Il prône le respect des droits de l'individu, la liberté économique, la tolérance religieuse, l'égalité fiscale, la fin des privilèges et le recours à des assemblées élues. On y souligne que l'inégalité découle de la propriété individuelle et que les terres ne doivent appartenir qu'à ceux qui les cultivent. Il voit dans les intendants "une aristocratie odieuse", "une satrapie de roture"... "Sa doctrine économique a de nombreux points communs avec celle des disciples de Quesnay. Si les Physiocrates ne reconnurent pas en Argenson un précurseur direct, du moins ils lui adressèrent les mêmes éloges qu'à Gournay" (Weulersse, I, p. 17). Bon exemplaire en reliure du temps. Coins émoussés. (Stourm, Bibliographie historique des finances, 107-108.- Cette édition originale des Considérations n'est pas aux catalogues des collections Goldsmith, Kress ou Einaudi.- Leblanc, De Thomas More à Chaptal. Contribution bibliographique à l' histoire économique, 1961, n° 56.- INED, n° 87.)