[VAUCHERET, Jean] sous le pseudonyme de Jean BRUNO

Les Misères des gueux. Ouvrage entièrement illustré par G. Courbet. Paris, Librairie internationale, A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, 1872. Grand in-8 (283 x 192 mm) à deux colonnes de (2) ff., 236 pp.: demi-chagrin bleu nuit, dos à nerfs, titre or, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Édition originale et premier tirage. Imprimée sur deux colonnes, l'édition populaire illustrée fut débitée en trente livraisons de dix centimes. L'éditeur en est Albert Lacroix, proche de Proudhon et des exilés français en Belgique. Ayant fait fortune avec Les Misérables, il imprima Les Chants de Maldoror avant de faire faillite en 1872. Originaire de Pontarlier, Jean Vaucheret (1844-1899) avance masqué sous le pseudonyme de Jean Bruno pour avoir commis Les Mangeurs de peuples, Guerre à la misère et autre brûlots de la même veine. Il fut un de ces personnages qui gravitaient dans la mouvance républicaine libertaire. 59 bois d'après les tableaux de Gustave Courbet, gravés par Méaulle. Écrivain et graveur virtuose, Fortuné-Louis Méaulle a reproduit une série des tableaux de Courbet. La plupart de ces vignettes à mi-page devaient illustrer le catalogue d'une exposition qui n'eut jamais lieu. La suite gravée constitue en quelque sorte une monographie de l'oeuvre peint. En 1872, Gustave Courbet avait été incarcéré à la prison de Sainte-Pélagie à la suite d'un procès haineux qui le condamna à la ruine et à l'exil. Il n'était plus question d'exposition pour le champion du réalisme et des “sujets sociaux”. Pour ce qui est de Courbet illustrateur, on ne lui connaît aucun bois et les quelques eaux-fortes qui lui sont attribuées sont de Bracquemond. Une mystification littéraire situationniste avant l'heure. En vue de renflouer la caisse de secours des communards emprisonnés, le roman-pamphlet s'est prêté à une entreprise de détournement subreptice de manière à récupérer ces bois alors sans objet. Improbable “livre de dialogue” contraign