RICHEPIN, Jean

La Chanson des gueux. Gueux des champs. Gueux de Paris. Nous autres gueux. Paris, Librairie illustrée, sans date [1876]. In-12 (173 x 109 mm) de (2) ff., 248 pp.: demi-chagrin brun, dos à nerfs orné de caissons de filets à froid (reliure de l'époque). Édition originale. Exemplaire de première émission, c'est-à-dire qu'il est complet des cinq poèmes interdits et caviardés par la censure. Ces poèmes (Idylle de pauvres, Fils de fille, Voyou, Frère il faut vivre et Ballade de joyeuse vie) furent remplacés par des cartons comportant autant de points de suspension. C'est à la suite de la dénonciation du Charivari (!) que La Chanson des gueux fut saisie le 24 mai 1876. Richepin fut condamné par le tribunal de police correctionnelle de la Seine pour outrage à la morale publique et aux bonnes moeurs le 15 juillet suivant. Non content d'avoir à s'acquitter d'une amende de 500 francs, le poète dut purger une peine d'un mois de prison à Sainte-Pélagie. Ami de Verlaine, de Rimbaud et de Cros qui le surnommaient “Richoppe”, Jean Richepin (1849-1926) devint célèbre grâce à La Chanson des gueux. Exemplaire d'Édouard Manet, portant cet envoi autographe signé sur le faux titre: à Edouard Manet hommage Jean Richepin C'est très probablement rue Chaptal, dans le salon de Nina de Villard - la célèbre “Dame aux éventails” dont Manet fit le portrait (Musée d'Orsay) -, que Richepin fit la connaissance du peintre dans les années 1870. L'un et l'autre fréquentaient aussi La Nouvelle Athènes, le café situé place Pigalle où se retrouvaient écrivains et peintres “modernistes”: Cézanne, Degas, Duranty, Forain, Mallarmé, Pissarro, Raffaëlli, Armand Silvestre ou Villiers de L'Isle-Adam. Richepin et Manet auront tous deux connu les foudres de la censure en butte aux mêmes préjugés: le Déjeuner sur l'herbe fut refusé par le jury du Salon pour “motif scandaleux” et Olympia déchaîna indignations et protestations. La reliure a été restaurée: p